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Les “signaux” ou l’arbre qui cache la forêt

“Mon chien a été sevré trop tôt, sa mère ne lui a pas transmis les codes canins”.

“La queue est basse, les oreilles sont en arrière, il fait un oeil de baleine : ce chien a peur”.

“Il renifle, c’est un signal d’apaisement : c’est donc qu’il est stressé”.

Ah les fameux “codes canins”, et leur corollaire, les “comportements observables” ! Comme toujours, c’est un peu plus compliqué que ça en a l’air… Bien sûr, ils existent : un chien qui tient sa queue entre les jambes n’exprime pas la même chose qu’un chien qui nous regarde fixement en grognant. Et pourtant, est-ce qu’on peut apprendre le “langage chien” comme on apprend une langue sur duolingo, en apprenant par coeur une liste de vocabulaire ?

Les “codes canins”

A la façon d’un dictionnaire, les livres et comptes de réseaux sociaux nous présentent “le langage du chien” comme une liste de comportements visibles qui seraient comme les “mots” du langage chien, assortis de leur traduction. Queue basse = peur, grognement = menace, commissures abaissées = ceci, commissures relevées = cela… Ces dictionnaires deviennent la Pierre de Rosette du monde canin, à ceci près que des photos d’oreilles, d’yeux et de queues y prennent la place des hiéroglyphes. Nous allons enfin pouvoir comprendre le langage de nos chiens, comme Champollion traduisant les hiéroglyphes, grâce à cette clé qu’est le dictionnaire des signaux !

La Pierre de Rosette

De la même façon qu’on découpe une phrase en cours d’Anglais ou de Latin pour y repérer le verbe, le groupe sujet ou les déterminants, on va alors découper visuellement le chien : bouche, oreille, queue, sujet, verbe, complément. Comme le nom peut être singulier ou pluriel, masculin ou féminin, le regard sera dur ou souple, les oreilles seront en avant ou en arrière, la queue sera haute ou basse… On va dès lors isoler chaque “locus”, chaque zone du corps, et regarder comment il est décliné : le déterminant est-il un “le” ou bien un “une” ? L’oreille est-elle tendue ou basse, en avant ou en arrière ?

On peut alors faire la somme de nos observations, et les combiner pour former la phrase : Brian + is + in + the + kitchen ; errare + humanum + est ; oreilles en arrière + renifle + queue basse. Et le sens global de la phrase (ou le message exprimé par le chien) apparait par addition de tous les morceaux de la phrase-corps.

Bien sûr, cela semble être la façon “objective”, d’analyser la communication : découper, analyser les petits bouts isolément, puis recomposer, synthétiser à partir de ces éléments analysés chacun avec précision. C’est objectif, c’est scientifique, c’est factuel, c’est neutre : c’est le passage obligé pour écarter nos préjugés, et avec lui le terrible anthropomorphisme ! Mais cette “objectivité” l’est-elle vraiment ? Autrement dit, est-ce qu’elle permet vraiment d’atteindre le réel tel qu’il est, et d’en rendre compte de manière satisfaisante, neutre et complète ? Comme on va le voir, si cette approche a son utilité, elle a aussi ses angles morts…

Le corps comme syntaxe, les comportements comme vocabulaire

Premièrement, avec cette vision vient aussi tout un fonctionnement, où les “codes canins” se possèdent et se transmettent, comme on possèderait les Codes Larcier pour les juristes. Les “codes canins” deviennent alors une sorte de dictionnaire immatériel, mais toujours monolithique et figé, que les chiens se transmettent comme on fournit un Larousse à un élève. Soit un chien “a les codes canins”, soit il ne les a pas, et ne sait pas communiquer (ah bon ?). Une autre variante est celle du chien “mal codé”, comme s’il y avait eu des erreurs de transcription quand d’autres lui “transmis” les codes…

Chien qui apprend les codes ? © Jamie Street

Deuxièmement, à l’instar de certains humains pour qui le sens d’un mot se limite à celui gravé dans le marbre du Dictionnaire, les “mots” du langage canin, les atomes linguistiques comme le positionnement de l’oreille ou le degré de contraction de la bouche ou encore la mesure de l’angle entre la position actuelle de la queue et le plan de l’horizon, n’ont qu’un et un seul sens : celui du dictionnaire. Oreilles en arrière = peur. Certaines écoles (que je ne pointerai pas nommément car ce n’est pas l’objet) vont même jusqu’à considérer qu’il faut intervenir si un chien renifle les odeurs sur le terrain, car s’il renifle, vu que c’est un “signal d’apaisement”, c’est qu’il est stressé. C’est comme ça qu’on se retrouve avec des débats enflammés sur la signification du fait qu’un chien plaque ses oreilles en arrière lorsqu’on avance la main pour lui caresser la tête : soit c’est toujours de la peur, soit ce n’est jamais de la peur, il faut choisir, il n’y a qu’un seul sens possible !1

Pourtant, dans la communication humaine, on n’a aucun mal à reconnaitre que le message ne se résume pas à la somme des significations “dictionnaire” des mots. Lorsque Verlaine parle des “sanglots longs des violons de l’automne”, personne n’imagine qu’il attribue à un objet de bois la capacité à “contracter de façon spasmodique son diaphragme sous l’effet de la douleur ou de la peine, accompagné de larmes, suivie de l’émission brusque et bruyante de l’air contenu dans la poitrine” (Larousse). Et on pourrait continuer : lorsque cette phrase est émise par Radio Londres en juin 1944, le message est encore différent de celui exprimé par Verlaine. Les exemples de la vie courante ne manquent pas : “j’ai pris un avocat” a un sens totalement différent selon le contexte (selon que j’aie faim ou que j’aie un problème juridique), tout comme un sourire peut exprimer la joie ou la gêne polie selon la situation. Pourquoi nos chiens auraient-ils, eux, un langage forcément univoque ?

Les signaux de jeu

Prenons un exemple plutôt clair : le fameux “appel au jeu”. Toute la question du jeu, depuis qu’elle est abordée sérieusement par les scientifiques comme Mark Bekoff2 ou Gordon Burghardt3, consiste notamment à essayer de comprendre comment les animaux parviennent à distinguer le jeu de l’agression, alors qu’ils utilisent des comportements issus du répertoire de l’agression comme des morsures.

© Brooke Cagle

En 1995, dans un article fondateur, Marc Bekoff démontre que ce fameux comportement des canidés, consistant à plaquer ses pattes avant au sol en adoptant une posture stéréotypée où l’avant du corps est plus bas que l’arrière, fonctionne à la façon d’une ponctuation : il indique que le comportement qui va suivre (ou qui vient de se produire) était bel et bien toujours du jeu, afin de lever toute ambiguité. Evidemment, cette découverte est majeure, et confirme ce que la plupart des personnes habituées aux chiens savaient déjà : ce “mot” canin signifie “ceci est du jeu”.

Cependant, dans le même article, Marc Bekoff développe un point bien plus intéressant, qui est pourtant passé bien plus inaperçu : il indique que la façon dont les chiens s’assurent mutuellement que le jeu est toujours du jeu tient bien moins dans ce comportement spécifique et facilement repérable que des signaux “composites”, c’est-à-dire dans la façon dont se combinent les expressions des différentes parties du corps. Par exemple, le fait de combiner un mouvement de morsure (bouche ouverte, dents exposées, en direction du corps de l’autre chien) tout en gardant en même temps les yeux ouverts, ce qui ne serait pas le cas dans une véritable attaque. Ou encore le fait de faire des mouvements particulièrement larges, comme au ralenti, ou d’adopter une posture tordue, l’arrière-train dans un autre axe que l’avant du corps. Un peu comme dans un tableau cubiste, où le nez ne se retrouve pas où on l’attendrait par rapport aux yeux. Fondamentalement, c’est même cette recomposition des éléments (position des oreilles, forme de la bouche, direction du regard, etc) en un tableau incohérent qui crée l’imprévu qui fait vibrer les partenaires de jeu. Très clairement, si on prend notre dictionnaire pour analyser isolément les différentes parties du corps sur un chien qui joue, on ne comprend plus rien : la phrase devient un cadavre exquis ou un poème dadaïste !

La ritualisation ontogénétique4

© David Taffet

Sous ce terme, qui va nous servir à encore compliquer un peu les choses, se cache un phénomène que nous connaissons tous bien : avec les personnes que nous connaissons bien, comme notre partenaire de vie par exemple, ou nos parents, nous pouvons souvent communiquer bien plus vite qu’avec des personnes inconnues, car les années de relation font qu’on se connait bien, et qu’on peut utiliser beaucoup de raccourcis, au point parfois d’arriver à communiquer tout un message juste avec un simple regard. Pensez au cas où, lors du repas de Noël, Tonton Roger5 dit : “moi j’ai toujours eu des chiens, il faut leur montrer qui est le maitre, c’est tout”. Vous accrochez immédiatement le regard de votre partenaire qui est à l’autre bout de la table, et vous levez discrètement les yeux au ciel. Votre partenaire esquisse à peine l’ombre d’un sourire entendu. Il n’y a rien eu besoin de dire, et vous vous êtes très bien compris, sans l’ombre d’une ambiguité.

Chez les chiens, on constate exactement la même chose, comme chez bien d’autres animaux : des êtres qui interagissent ensemble apprennent à se connaitre, à anticiper les réactions de l’autre, et donc à pouvoir prendre de plus en plus de raccourcis dans la communication. Le signal d’appel au jeu, par exemple, devient un très léger mouvement des épaules, qui suffit à se comprendre entre eux.

Alors bien évidemment, lorsqu’on essaie de comprendre le comportement d’une autre espèce, il est plus facile de repérer des comportements archétypiques, facilement identifiables, comme l’appel au jeu, la queue basse ou les oreilles en arrière, que de percevoir tous les non-dits qui dépendent du contexte, ou l’enchainement de comportements à peine évoqués. Et, comme l’explique Frans de Waal au micro de Victoire Tuaillon, c’est l’un des travers qui a probablement poussé à ce qu’on s’intéresse avant tout, chez les primates, aux agressions physiques entre mâles plutôt qu’à la complexité des relations entre les femelles. Comme le dit Frans de Waal, qui explique avoir été lui-même victime de ce biais au début de ses recherches : entre des mâles chimpanzés impressionnants (ils font le double de la taille des femelles) qui se battent violemment, et des femelles plus petites qui ont l’air de ne rien faire, il est facile de croire que seuls comptent ces comportements très visibles, et de ne même pas remarquer qu’il se passe des choses plus subtiles qu’on ne voit pas au premier abord.

La métaphore vive

© Stefan Roks

Ajoutons encore à cela un dernier aspect, pour encore compliquer un peu les choses. Dans un texte magnifique6, Paul Ricoeur explique comment, dans les langues humaines, le sens des mots qui nous semblent “simples”, ceux qui nous semblent pointer directement vers des significations évidentes, proviennent bien souvent d’une ancienne expression qui servait à désigner tout à fait autre chose, qui s’est transposée métaphoriquement à une nouvelle signification (pour prendre un exemple simple, “table”, viendrait de “tabula” signifiant une planche, lui-même issu d’un mot signifiant la fonte de la cire, lui-même provenant par métaphore de la déliquescence associée à la putréfaction). Cette nouvelle signification s’est ensuite “sédimentée”, au point qu’on perde de vue cette origine métaphorique, et qu’on ait l’illusion que ce mot, “table” est un mot fondamental, qui représente directement le meuble auquel on pense. Autrement dit : le langage est toujours fondamentalement polysémique : les significations émergent à travers les usages déjà sédimentés, et font jaillir de nouvelles possibilités de communication, dans un geyser sémiotique qui, en retombant, se sédimentera, et formera à son tour les strates sur lesquelles émergeront à nouveau de nouveaux usages. On l’a vu, c’est même le principe de la sémiotique du jeu : être une machine à générer de nouvelles combinaisons surprenantes et amusantes, en récupérant des morceaux connus pour improviser de nouveaux assemblages inattendus…

© Chris Sabor

En biologie, ce phénomène de réutilisation d’éléments pour un autre usage existe aussi, et s’appelle “exaptation”. Un des exemples les plus connus est celui des plumes, qui tirent leur origine d’excroissances permettant une meilleure thermorégulation, et qui ont fini par être “récupérées” pour un autre usage : le vol. Le lien avec la communication canine commence à apparaitre : lorsqu’un chien renifle le sol, il peut le faire pour plusieurs raisons… Cela peut être pour simplement sentir une odeur, comme cela peut être “exapté” pour une autre fonction qui est de se calmer (régulation de l’axe HPA)7, ou comme signal utilisé à destination d’un congénère, comme un signal d’apaisement. Le même comportement peut donc avoir plusieurs usages, et plusieurs significations, qui peuvent même se combiner en même temps (il est probable que lorsqu’un chien renifle le sol comme signal destiné à un autre chien, le fait de renifler aura aussi un effet calmant sur son propre système nerveux). Le dictionnaire, avec ses significations figées qu’il suffit de combiner, ne suffit vraiment plus pour comprendre ce qui se passe devant nous…

Au final, on le voit, les “codes canins” ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Ou mieux : l’arbre qui cache la forêt. Ce sont les comportements les plus visibles, les plus évidents, comme les mots dans une phrase. Cependant, tout comme en communication humaine, ce n’est pas forcément le plus important : prenez par exemple un discours politique, et faites le lire par un logiciel de synthèse vocale, comme Siri. A côté de ça, regardez le politicien prononcer le même discours à la télé, mais en coupant le son. Le message ressortira de manière totalement différente dans les deux cas ! Il faut la combinaison des mots et du non-verbal pour vraiment en comprendre le sens… Ca parait évident ? C’est exactement la même chose pour nos animaux : l’essentiel de la communication, surtout entre animaux qui se connaissent, ne peut en aucun cas se résumer à la somme de la signification de “mots-comportements”, dictionnaire à la main, comme si on pouvait traduire une phrase mot à mot et espérer qu’elle fasse sens (note : ce qui vaut pour les mots vaut également pour les fameuses “étiquettes”, mais ça, ce sera pour un autre article). Bien sûr, à défaut de mieux, c’est une première approche, et si on ne connait pas les “mots”, on ne comprendra rien du tout. Mais il y a une différence entre utiliser ce “dictionnaire” comme première approximation pour dégrossir le message, et croire que si on apprend le dictionnaire par coeur, on maitrisera non seulement la langue, mais également toute la communication et la culture du pays concerné. Apprendre que “tea” signifie “thé” en Anglais n’est pas suffisant pour maitriser toute la relation des Britanniques à cette boisson, et savoir comment interpréter ce qui se passe au Royaume-Uni au moment du “tea time”. Comme on le voit, savoir découper en mots la phrase-corps du chien, savoir identifier les parties les plus pertinentes comme la queue ou les oreilles, l’échine ou la bouche, connaitre certaines significations courantes de ces “mots” est important. Mais il faut malgré tout garder en tête que, comme avec l’exemple du thé, ils ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Comme dans la communication humaine, où il est facile de croire que l’essentiel du sens se situe au niveau des mots du langage verbal alors qu’ils ne sont que l’arbre qui cache la forêt du contexte, des implicites, de la culture, des intonations, du langage corporel, les “codes canins” ne sont que la partie la plus facilement visible de la communication canine. Lire cette communication uniquement à travers le dictionnaire des “codes canins” nous fait passer, en sursimplifliant le réel, à côté de toute la complexité qui donne sens au message, comme la polysémie, la relation, la culture, la combinaison et l’enchainement des comportements.

D’ailleurs, c’est bien simple, si toute la communication canine se résumait au dictionnaire des “codes canins”, il serait tout simplement impossible à deux individus ne possédant pas les “codes” de l’autre espèce de communiquer. Et la situation ci-dessous serait tout simplement impossible, faute d’édition chat du dictionnaire des “codes canins” et inversement, d’édition chien du dictionnaire des “codes félins”… De toute façon aucun des deux n’a encore appris à lire !

Comme toujours, la réalité est complexe, et, si les modèles comme celui des “codes canins” sont utiles, il faut rester conscients qu’ils ne sont que des approximations : il faut résister à la tentation de croire qu’ils sont “la” vérité toute entière. Ils ne sont que la partie émergée de l’iceberg de la communication et des relations sociales : la plus grande partie de la communication, entre deux invididus, se construit avec le temps, et plus le temps passe, plus elle s’enrichit et s’affranchit des “codes” génériques… C’est toute la magie des interactions et des jeux de ficelles : elle nous oblige à rester humbles, car plus on apprend les “codes” de la communication, plus on découvre que le réel y échappe, comme l’horizon qui recule au fur et à mesure qu’on avance. Cela ne signifie pas qu’il ne sert à rien d’avancer, mais que plus on avance, plus on découvre l’infinité et la complexité des chemins encore à parcourir…

  1. Cette controverse entre un éducateur canin bien connu (pas vraiment en positif) et une éducatrice bien connue dans le monde canin positif a été assez violente, mais a été sublimée par l’éducatrice via la créaction d’un super podcast : Madame a du chien. ↩︎
  2. Bekoff, M. (1995) ‘Play Signals as Punctuation: the Structure of Social Play in Canids’, Behaviour, 132(5–6), pp. 419–429. Available at: https://doi.org/10.1163/156853995X00649.
    ↩︎
  3. Burghardt, G.M. (2005) The genesis of animal play: Testing the limits. Cambridge, MA, US: MIT Press (The genesis of animal play: Testing the limits), pp. xvi, 501. ↩︎
  4. Ground, I. (2015) ‘“The Play Of Expression”: Understanding Ontogenetic Ritualisation’, in D. Moyal-Sharrock, V. Munz, and A. Coliva (eds) Mind, Language and Action. DE GRUYTER, pp. 317–334. Available at: https://doi.org/10.1515/9783110378795.317. ↩︎
  5. Je me permets d’emprunter “Tonton Roger” à Alice Mignot, qui nous a fait deux épisodes sur le sujet, à retrouver ici :-). ↩︎
  6. Ricœur, P. (1975) La métaphore vive. Repr. d. Ausg. 1975. Paris: Éd. du Seuil (L’ordre philosophique). ↩︎
  7. Comme montré par exemple dans l’étude de terrain “At the Heart of the Walk↩︎

Bekoff, M. (1995) ‘Play Signals as Punctuation: the Structure of Social Play in Canids’, Behaviour, 132(5–6), pp. 419–429. Available at: https://doi.org/10.1163/156853995X00649.

Bekoff, M. and Byers, J.A. (eds) (1998) Animal Play: Evolutionary, Comparative and Ecological Perspectives. Cambridge: Cambridge University Press. Available at: https://doi.org/10.1017/CBO9780511608575.

Burghardt, G.M. (2005) The genesis of animal play: Testing the limits. Cambridge, MA, US: MIT Press (The genesis of animal play: Testing the limits), pp. xvi, 501.

Ground, I. (2015) ‘“The Play Of Expression”: Understanding Ontogenetic Ritualisation’, in D. Moyal-Sharrock, V. Munz, and A. Coliva (eds) Mind, Language and Action. DE GRUYTER, pp. 317–334. Available at: https://doi.org/10.1515/9783110378795.317.

Handelman, B. (2008) Canine behavior: a photo illustrated handbook. First edition. Norwich, VT: Woof and Word Press.

Haraway, D.J. (2016) Staying with the trouble: making kin in the Chthulucene. Durham: Duke University Press (Experimental futures: technological lives, scientific arts, anthropological voices).

Käufer, M. (2011) Canine play behavior: the science of dogs at play. S.l.: DOGWISE PUBLISHING.

Merritt, M. (2021) ‘Dances with dogs: interspecies play and a case for sympoietic enactivism’, Animal Cognition, 24(2), pp. 353–369. Available at: https://doi.org/10.1007/s10071-020-01468-y.

Ricœur, P. (1975) La métaphore vive. Repr. d. Ausg. 1975. Paris: Éd. du Seuil (L’ordre philosophique).

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